Réseaux & territoires
Vous avez dit PAERPA ?
C’est le nouvel acronyme à la mode en gériatrie : PAERPA pour « Personne Agée En Risque de Perte d’Autonomie ».
Cette notion apparaît en surmultipliée à l'occasion des parcours de soins destinés à 5% des personnes de plus de 75 ans (article 70 de la loi de finance de la sécurité sociale LFSS 2012). Celles qui sont évaluées en GIR 1-2, ayant au moins une ALD (affection de soin longue durée) et dont l’entourage social est « défaillant ».
A force de réclamer de l’évaluation, de la coordination, je ne peux que saluer le lancement de ces expérimentations qui répondent aux recommandations d’un rapport de l’HCAAM (Haut conseil à l’avenir de l’Assurance maladie piloté maintenant par Annick Morel). Ces parcours devraient éviter les hospitalisations inutiles, faciliter l’accès direct aux unités de soins adaptées, réduire les durées d’hospitalisation en services sanitaires de courts séjours ou soins de suite, avec deux milliards d’euros d’économies à la clé.
Mais je remarque que cette notion de "PAERPA" est surtout portée par des gériatres et non des gérontologues. Querelle de chapelle ?
Il faut bien un pilote dans l’avion. Ce sont les ARS (Agences régionales de santé) qui auront à suivre ces expérimentations.
Les gériatres revendiquent leur place auprès de personnes dites « poly-pathologiques ».
Or parler de « perte d’autonomie » en fait bondir plus d’un comme le Pr Moulias qui souligne qu’aucun être humain ne perd son autonomie, au sens de la « capacité de décider ce qui est bon pour soi ».
Les fragilités, les maladies, les handicaps peuvent certes limiter l’autonomie fonctionnelle, mais jamais l’autonomie tout court.
Se focaliser sur les « pertes » ou les « pathologies » est délétère aux vues des capacités restantes des personnes concernées (capacité à communiquer, créer, rester en lien avec la cité, se verticaliser, marcher…).
Les besoins en soins ne sont réfutés par personne. Ouvrir les parcours de soins destinés aux "PAERPA" aux compétences gérontologiques serait un plus.
Et on le voit déjà, ces parcours vont rencontrer des résistances
- Qui pour coordonner les interventions auprès des personnes âgées concernées ?
Des structures sanitaires et médico-sociales, comme des Clic de niveau 3, les MAIA, les réseaux gérontologiques, les Maisons de l'autonomie...
Mais les défenseurs de l’activité libérale veillent. Ainsi l’UNPS (Union nationale des professionnels de santé) rappelle que les infirmiers, les pharmaciens voire les kinésithérapeutes sont aussi en première ligne « si les moyens leurs sont octroyés pour assurer cette coordination au sein de leur activité libérale ».
L’Union définit la notion de « coordination » selon les termes de l’HCAAM : « la synthèse médicale par le médecin et la coordination soignante et sociale assurée notamment par un professionnel de santé libéral ».
- Quel système d’information ? Quel outil d’évaluation multidimensionnel de la situation et de suivi du plan d’aides et de soins (Geva, Rai, Smaf en complément d’Aggir, Pathos) pour que les services sanitaire / médico-social, les professionnels de santé libéraux échangent facilement ?
- Quelle rémunération pérenne de cette coordination (évaluation, définition du plan d’aides et de soin, ré-évaluation, ajustement) ?
- Quelle évaluation des services d’une filière (certification HAS, Afnor, évaluation externe/Anesm, Labels ) ?
Onze expérimentations visant les "PAERPA" vont être menées sur sept régions. Nous les suivrons avec le plus grand intérêt.
Leur bilan est attendu au deuxième semestre 2014.
En attendant, je vous invite à découvrir l'actualité des filières "gérontologiques" de l'ARS Rhône-Alpes.
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