Accompagnements & soins
Marre des expérimentations !
Laurence Rossignol, souvent appelée "la ministre du domicile", l'a elle-même avoué lors des 5èmes Assises du domicile, ce 25 septembre à Paris : le secteur souffre de ces expérimentations à rallonge, de ces fonds d'urgence ou de restructuration comme si les constats et les réponses n'étaient pas connus.
On ne compte plus les rapports d'experts, de groupes de travail (Bachelot) et des plus hautes instances de l'Etat (Cour des compte, CESE et tout récemment le sénat pour l'aide à domicile jugée "à bout de souffle"), qui préconisent tous, comme le dernier ouvrage de Marie-Eve Joël, d'accompagner (autrement) le grand âge.
On sait que les deux mots clés pour l'avenir d'une société vieillissante sont la prévention et la coordination des plans d'aides à domicile.
Ces deux axes viennent percuter :
- Des organisations figées, émiettées : plus de 8 000 SAAD agréés à 65 %, autorisés pour les autres, financés par les Conseils généraux (APA), les caisses de retraite, les retraités et leurs aidants
- Des modes de financement en tuyaux d'orgue (sanitaire/médico-social/social) que chaque administration protège face aux arbitrages brutaux du gendarme de Bercy.
Pourquoi la CASA n'est-elle toujours pas fléchée vers l'aide à l'autonomie s'indignent les représentants des retraités et des professionnels ?
- Une médecine d'organes face à la nécessaire approche globale de la personne fragilisée
- Des professions réglementées, qui jalousent leurs champs de compétence mais... qui acceptent les "glissements de tâches" quand le SSIAD ne peut répondre, par exemple, le WE ou en urgence ? Combien d'aides à domicile deviennent chaque semaine "aides-soignantes" dans les merveilleux SPASAD ? Sans reconnaissance, sans rémunération assortie...
- une révolution du numérique qui tarde malgré les Silver Valley
Dans une interview filmée à son ministère, Laurence Rossignol montre son implication dans le secteur de l'aide à domicile "indispensable et fragile", en fixant le cap de 2 300 SSIAD qui deviendront SPASAD en 5 ans.
Aux Assises du domicile elle a dit aussi craindre la "course aux diplômes" ni raisonnable au vu des finances publiques nationales et locales, ni souhaitable pour certaines intervenantes.
Ces affirmations secouent les acteurs qui ont été sommés depuis 2002 de professionnaliser leurs salariés confrontés à des publics de plus en plus fragiles et complexes.
La colère monte chez les syndicats de salariés et d'employeurs, unis, ce qui est plutôt rare, face à la valeur du point bloqué depuis 2009 !
On sait que des économies sont possibles (hospitalisations évitées, soins optimisés) par une organisation fluidifiée, des systèmes d'information numériques performants et inter-opérables (Médico-social/Sanitaire/Médecine de ville/Aidants), le développement des coopérations (SPASAD, CPOM), le développement de l'éducation thérapeutique de chaque patient...
Le HCAAM en son temps, la Fédération des maisons de santé cette semaine les chiffrent en milliards d'euros.
On sait tout cela mais enclencher le processus demande visiblement de secouer le mille-feuilles, d'obliger les professions à revoir leur périmètre et à très court terme de reconnaître l'enjeu des services d'aides et de soins au domicile.
Contrairement aux pilotes d'avion, les aides à domicile ne se mettent pas en grève. Elles savent la valeur de l'aide quotidienne qu'elles apportent.
Même si leur accompagnement indispensable reste "expérimental" aux yeux de certains !
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