ANM - approches non médicamenteuses
Médicaments : pièges à haute dose
Les rapports se suivent pour alerter les citoyens, les professionnels, sur les risques de sur-médication des personnes âgées. Est-ce qu'une enquête choc d'un magazine grand public (Que Choisir) va faire bouger les comportements ?
On l'appelle la "iatrogénie médicamenteuse" : les risques d'erreurs dans les prises, les incompatibilités entre traitements, qui peuvent entraîner malaises, chutes, dénutrition, hospitalisations injustifiées, passages aux urgences...
D'un côté, certaines pathologies sont sous-diagnostiquées au grand âge : dépressions, Alzheimer, dénutrition.
De l'autre, le flux des somnifères semble intarissable et les traitements consommés depuis des années semblent être devenus des compagnons de route, qui structurent le quotidien ("c'est l'heure des médicaments").
Ce statut de "malade" (avec sa panoplie de médicaments) serait-il devenu un outil de communication, un moyen d'exister aux yeux des autres, une sorte d'identité pour "vieux mis au rencard"? C'est en tout cas le constat établi par un des experts de MONALISA (la Mobilisation nationale contre l'isolement des personnes âgées). Le lien social peut-il palllier la demande de médicaments ? Un appel à la fraternité est relancé.
Oser réviser ses ordonnances n'est pas facile.
Qui ordonne à la fin ? Le patient inquiet ou le médecin qui lâche devant l'insistance ? Les professionnels débordés par des comportements d'agitation ou le médecin qui évalue la situation, l'environnement, les raisons de ces agitations ?
On le sait, des approches non médicamenteuses apaisent les situations de crise (Montessori, Validation®, Snoezelen®, Humanitude® qui a montré la diminution par 7 des neuroleptiques dans un service de gériatrie). Marcher, bouger, avoir une activité physique quotidienne, une alimentation variée et se sentir utile, sont les bons leviers pour éviter les médicaments.
Considérer le médicament comme un produit différent, pas comme les autres, pas banal, n'est pas simple non plus.
Le pilulier va aider à planifier la journée, la semaine. C'est la responsabilité de l'infirmière qui peut déléguer l'aide à la prise à l'aide-soignante. Mais entre les comprimés, les gélules, les sirops, les gouttes... Il y a de quoi s'y perdre.
Comment articuler les point de vue entre les différents médecins généralistes des résidents d'un EHPAD (maison de retraite médicalisée) par exemple et leur médecin coordonnateur, pilote de la politique de santé de l'établissement ? (Le rapport Verger date de fin 2013 déjà).
Il est pourtant de l'intérêt de la santé publique de réduire cette sur-médicamentation. Entre 1970 et 2000 on est tout de même passé d'un budget de 32 €/an/habitant à 362 €. Il faut aussi élargir la recherche (car les médicaments ne sont pas testés aujourd'hui sur des corps âgés qui ont du mal à les ingérer mais aussi les éliminer).
Alors qui va commencer à alléger l'ordonnance ?
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