Qualité & management
Le sentiment de désespérance s'installe
Les semaines se suivent et voient monter les situations difficiles sur le terrain.
Des services à domicile, notamment associatifs sont exsangues, au bord du dépôt de bilan. Leurs personnels ne sont pas assez formés, encadrés, soutenus. Comment les motiver quand les risques de licenciement guettent ? Les conditions de travail se dégradent au point que le secteur rejoint le bâtiment dans les taux d'accidentologie.
Des financeurs (départements) face à la montée des besoins sociaux (RSA, APA, PCH) qui ne parviennent pas à octroyer des crédits à ces services permettant de couvrir leur prix de revient. Sans parler des tensions sur les financements publics d'état (ONDAM médico-social).
Un turn-over, un absentéisme croissant lié à la mauvaise image des métiers du grand âge ainsi qu'à une tension réelle, quotidienne, face aux situations de plus en plus complexes à accompagner : polypathologies, fins de vie, familles épuisées, excédées, culpabilisées (de ne plus pouvoir aider leur proches, face aux "restes à charges " financiers insoutenables... au point qu'un entrepreneur propose des solutions... au Monténégro.
La crise économique, le chômage, les maladies professionnelles retentissent dans les structures médico-sociales. La crise du logement, les transports insuffisants impactent aussi fortement la qualité de vie des professionnels (notament dans les grandes villes).
Les managers témoignent aussi d'une crise des valeurs, avec de nouvelles générations qui parfois comprennent mal l'engagement des plus anciennes ou le bousculent. A quoi ca sert tout cela ? "A quoi ça sert un vieux ?"
Sans oublier les services de santé sous tension : démographie médicale mal répartie sur les territoires, heures d'attentes aux urgences, manque de coordination autour des situations complexes...
J'entends le sentiment d'impuissance et de désespérance monter.
C'est dangereux : pour toutes les personnes vulnérables aux prises avec ces services épuisés (et à risque de maltraitance); pour les professionnels eux-mêmes ; pour l'impact des politiques publiques, sans parler de leur image... (qui risque de se traduire dans les urnes).
La remise en question du système s'impose.
Osons regarder les besoins en face, la montée des maladies neuro-dégénératives, chroniques.
Osons exiger l'application des arbitrages en faveur de l'aide à l'autonomie : flécher la CASA et injecter immédiatement ses 650 millions d'euros.
Osons poser un niveau d'exigence correspondant aux moyens octroyés.
Et sinon, face aux tensions des finances publiques, osons le revoir à la baisse et le dire !
D'un côté on peut valider l'ambition "Zéro sans solutions" proposée récemment par Denis Piveteau, ou sinon oser refuser des personnes malades, handicapées, vulnérables, dans les services en surchauffe.
Compter sur le dévouement des professionnels a une limite. Quant au relais de la Silver Economie, il est encore en devenir.
Osons réformer le système de santé : créer (enfin) un système d'information partagé et géré par la personne elle-même (son proche, sa personne de confiance), identifier les acteurs (et les "trous dans la raquette" selon les territoires) et les coordonner, mutualiser les services vers des tailles critiques économiques, les responsabiliser (CPOM, GCSMS), former les professionnels aux enjeux et aux techniques du "Care" et de la prévention autant que du "Cure", inventer des parcours de santé économique, écologique, social et solidaire, territoire par territoire.
Pourquoi n'entend-on pas les résultats d'approches non médicamenteuses qui misent sur les capacités, les "capabilités" des personnes fragilisées, malades ?
Ils seront un millier de professionnels à la Cité des Sciences à Paris pour participer, écouter, échanger lors de notre 8ème colloque Agevillage/Humanitude qui affiche complet.
Le soir du 12 novembre l'entrée est libre pour le débat "Développement durable, tous les âges mobilisés" et la remise des Labels Humanitude 2015.
Nous vous attendons nombreux ! (Il suffit de s'inscrire)
Face à la désespérance, ne baissons pas les bras, mobilisons-nous, faisons entendre nos voix : osons !
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