Accompagnements & soins
J'ai visité le premier village Alzheimer au monde
Un regard professionnel sur une solution particulièrement innovante
Le docteur Bernard Pradines est allé visiter en août le village Alzheimer De Hogeweyk, à Weesp près d'Amsterdam. Il nous livre ses impressions.
Pourquoi un village ? Pourquoi pas une résidence traditionnelle telle qu’un Ehpad ?
Pourquoi ne pas répartir ces personnes âgées de plus de 65 ans, désorientées, souffrant de troubles cognitifs sévères, dans des unités situées dans des villages existants comme à Saint-Nazaire ?
Pourquoi ce premier village ? Il fut inauguré en 2009 près d’Amsterdam aux Pays-Bas. D’autres sont en cours de réalisation, tel que celui de Prosper au Texas (Etats-Unis) ou en projet comme à Dax en France.
Ceux qui ont conçu et réalisé « De Hogeweyk » ont donné de l’espace en plein air aux 152 résidents. Ils ont voulu procurer liberté et voisinage comme dans une vraie localité. La seule issue extérieure est surveillée visuellement à l’aide d’un sas. Mais les portes des parties communes s’ouvrent automatiquement lors de toute approche, y compris celles de l’ascenseur qui navigue automatiquement entre les deux niveaux.
Les résidents sont répartis et regroupés par affinités en fonction d’études issues des sciences humaines selon leur « style de vie » antérieur et leur choix éventuel.
Résidents, familles, professionnels et bénévoles bénéficient d’un environnement conçu au plus près de l’image de la vie du pays : places et rues portent un nom habituel, on y trouve entre autres un supermarché, un bar-restaurant, un salon de coiffure et de beauté, un salon de musique, une médiathèque et même un théâtre.
Le rassemblement en un vaste lieu unique autorise ces facilités autrement inconcevables si les unités de 6 ou 7 résidents de « De Hogeweyk » étaient dispersées dans des sites distincts et distants.
L’ameublement et la décoration se rapprochent au maximum de l’habitat normal des occupants. Tout est étudié pour ressembler à la vie quotidienne jusque dans les moindres détails. Quant à eux, les intervenants, quelles que soient leurs professions, sont spécialement informés des pathologies accompagnées.
Bien sûr, il y a toujours un revers à la médaille ; par exemple, une telle expérience pilote coûte cher à la collectivité néerlandaise et n’est assurément pas exportable à l’identique. Pourtant, je suis reparti troublé par ma visite du 17 août 2016.
Il n’existe aucune solution idéale, chacun le sait. Toutefois, le principe du village hollandais devenu réalité serait-il la moins mauvaise proposition pour des personnes dont le séjour à domicile n’est plus possible ?
Est-il possible d’ignorer « De Hogeweyk » ?
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