Métiers
Les contrats aidés, aidés pour qui ?
Juste des “bras” ?
L'été social des Ehpad et du secteur médico-social continue.
Après la grève dans l'Ehpad privé commercial de Foucherans, c'est au tour du personnel de l'Ehpad public de Paimboeuf en Loire-Atlantique. 60 agents soutenus par 9 résidents et leurs familles ont lancé début août un mouvement social, relayé par les médias locaux puis nationaux.
Les grévistes réclament des moyens humains, matériels, des conditions de travail dignes pour accompagner les personnes âgées de plus en plus malades, fragilisées, qui s'acquittent de factures de plus de 2000 euros par mois, explique Sandra Pinel, déléguée CGT de l’hôpital intercommunal du Pays de Retz, dont dépend l'établissement.
Ils constatent des accompagnements indignes, des taux d'arrêt de travail et de troubles musculosquelettiques aberrants (89 %).
Ces personnels estiment que les établissements ne pourraient pas fonctionner sans les "emplois aidés", que le gouvernement voudraient revoir à la baisse.
On parle de contrats d'accompagnement dans l'emploi (CAE) pour le secteur public ou associatif, de contrats initiative emploi (CIE) réservé aux employeurs privés commerciaux, et aussi des emplois d'avenir (EAV). Pour mémoire, en 2013, Michèle Delaunay, alors ministre déléguée aux Personnes âgées et à l'Autonomie, avait lancé l'opération "1 Ehpad, 1 emploi d'avenir".
Certains y voient un effet d'aubaine pour bénéficier de subventions sur des postes indispensables.
D'autres, comme l'AD-PA, pointent les sous-dotations financières des structures au regard des niveaux de prendre soin requis.
Ces emplois aidés apportent une aide indispensable à la "charge de travail".
Mais sont-ils compétents, formés, accompagnés, managés ?
Quid de leurs connaissances, de leurs techniques pour accompagner les personnes âgées fragilisées et éviter les contentions, la tuberculose, suivre les évaluations gériatriques, favoriser la protection, la liberté, la sexualité, comprendre la dysphagie... dont nous parlons cette semaine sur Agevillagepro.
L'enjeu du management de ces services est cruciale selon Vincent Chagué, médiateur dans le conflit de Foucherans.
Ces emplois de professionnels aux profils sociaux souvent fragiles n'ajoutent-ils pas de la misère à la misère ?
Suite à l'enquête de Florence Aubenas sur la plus longue grève de France à Foucherans, j'ai lu son livre-enquête "Le quai de Ouistreham". Elle s'est insérée dans le monde des personnes socialement précaires, prêtes à tout pour trouver du travail. Son constat est édifiant à la fois sur l'inhumanité de ces situations économiques et sur le besoin de sens, de relations sociales indispensables à tout être humain.
Aller sur le terrain, au contact des professionnels est utile. Certains élus, des députés, sentent que le ton monte vraiment dans un secteur traditionnellement peu entendu. Ils écoutent ces professionnels, à bout, qui n'acceptent plus de mal prendre soin en se détruisant leur dos, leur santé. La ministre de la Santé se voient questionnée dans l'Hémicycle. Une enquête parlementaire "flash" aportera un premier éclairage mi-septembre...
Seule une députée est aide-soignante de métier.
Si on imagine qu'il n'est pas facile pour ces élus de se mettre dans la peau des professionnels qui prennent soin des plus âgés fragilisés, il est parfois indispensable de s'en approcher de très près pour comprendre, mesurer les besoins et peser dans les futurs arbitrages.
Tel le concept "Vis ma vie". Sachant qu'ici la mission n'est pas de laver des bateaux (comme dans le livre "Le quai de Ouistreham) mais de prendre soin de personnes, âgées, malades, fragilisées, en fin de vie...
A nous tous de comprendre ces emplois. Aidés... ou non.