Qualité & management
Interroger notre vocabulaire
Ehpad, dépendance, prise en charge, maltraitance…
"Mal nommer les choses c'est ajouter de la misère au monde" disait Camus.
Ehpad, grabataire, prise en charge, dépendance, sénile, légume, placer... et si on en finissait avec les mots qui font du mal ? C'est ce que proposent l'AD-PA et la FIAPA au Haut Conseil de la Famille, l'Enfance et l'âge avec les experts des rapports Libault et El Khomri : Dr de Normandie et Pr Jeandel. Nous vous présenterons leurs équivalences la semaine prochaine.
Et en pleine campagne électorale pour les municipales, attention aux expressions comme "nos" personnes âgées, "nos" aînés". Cette campagne réserve des surprises comme le départ de la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn pour la bataille de Paris et l'arrivée du neurologue Olivier Véran qui connaît la vie des services de psycho-gériatrie pour y avoir travaillé.
Attention aux termes autour de la maltraitance aussi. Il peut s'agir d'abus, d'intimidations, d'intolérances par toutes les parties prenantes, y compris les personnes âgées entre elles.
Et si on sensibilisait aux situations à risque de maltraitance ? Et si on développait des stratégies d'acceuil des nouveaux résidents, des nouveaux habitants ? Et si on sensibilisait à la communication non violente, à la médiation, à la gestion des conflits ? explique la chercheuse québecoise Marie Beaulieu. Le guide Damianvite à aider à faire face à ces situations complexes pour les personnes fragilisées.
L'enjeu reste : que voulons-nous pour notre vieillissement ? Individuellement et collectivement, nous continuons à avoir du mal à l'aborder. D'où l'Ehpad bashing estime la directrice Séverine Laboue.
Et si on ouvrait ces structures ? Voir les pistes du Réseau francophone Villes amies des Aînés notamment.
Et si l'on s'équipait pour mieux informer et former les proches aidants ?
Et si l'on outillait les infirmiers pour les aider à affirmer leur rôle propre ?
Et si on encourageait l'expression de l'écocitoyenneté en restauration et la citoyenneté tout court avec le vote des personnes en situation de fragilité mentale?
Cela demande de partager une vision moins catastrophiste et délétère du vieillissement.
Cela demandera des moyens assortis à la révolution de la longévité qui va démographiquement s'accentuer dans les années à venir.
Cela demande une grande loi Grand Age, sans tarder rappellent les fédérations professionnelles.
Pour éviter que les maux n'empirent.
Pour panser et surtout penser la qualité du prendre soin et la qualité de vie au travail pour ces magnifiques métiers du grand âge.
Réfléchissons aux mots que nous employons chaque jour.
Changeons de vocabulaire.
Nous y reviendrons !