Accompagnements & soins
Virus, coronavirus, la peur mauvaise conseillère
Et les professionnels en première ligne
L'appel au calme, au civisme, au sens des responsabilités individuelles et collectives lancé par les pouvoirs publics vient contrebalancer la tension qui entoure l'épidémie du Covid-19 que la France n'évitera plus.
Les plans blancs et bleus sont déclenchés, avant un passage au stade 3 ?
Les professionnels en première ligne font face à la peur des plus fragilisés, des aidants. Ils font face à leurs peurs aussi.
Si les masques font défaut dans certains endroits, ailleurs, ils sont tellement portés qu'ils effraient les personnes désorientées.
La suspension des visites qui vient de tomber augmente encore la demande d'attentions, de contacts, de gestes de reconnaissances de ces mêmes personnes malades auprès des professionnels.
Le gouvernement exige la mise en oeuvre de mesures barrières drastiques pour éviter la propagation du virus. Le ministre de la santé Olivier Véran appelle sur les plateaux TV au sang froid, au sens des responsabilités individuelles et collectives si l'on a des doutes, si l'on est malade en restant chez soi, en appelant le 15, en n'exigeant pas de test inutile...
L'enjeu est d'éviter l'engorgement des services hospitaliers (en réanimation). L'enjeu est de sauver, de guérir les personnes malades, quel que soit leur âge.
Les fédérations professionnelles des métiers du grand âge expriment leurs inquiétudes. L'AD-PA (Association des directeurs au service des personnes âgées) demande au conseil national consultatif d'éthique de s'exprimer sur les bénéfices/risques de la fermeture des Ehpad à toute visite. Les professionnels de terrain sont à nouveau en première ligne face aux questions éthiques quotidiennes : sécurité physique versus sécurité affective, principe de précaution versus respect des libertés, qualité de soins versus moyens accordés, contacts sans contacts possibles avec l'extérieur...
Parmi les pistes de réponses pour faire face à ces exigences de précautions, la rédaction vous invite à mobiliser sans modération les approches non-médicamenteuses que nous mettons en valeur chaque année dans notre colloque annuel Agevillage/Humanitude. Retrouvez les propositions de Pascal Dreyer pour garantir la notion de "chez soi" malgré les contraintes des pratiques professionnelles.
En ces temps de confinement imposé, une première étude montre d'ailleurs que l'approche non-médicamenteuse : la "thérapie du voyage virtuel en train", ça marche.
Les centres communaux d'action sociale, les CCAS, ont décidé de se projeter à horizon 2050. Ils vont commencer à mettre en oeuvre des pistes concrètes de leur fabrique de l'action sociale dès maintenant.
L'Anap partage de son côté ses recommandations opérationnelles, pas à pas, pour les établissements médico-sociaux sur les enjeux du développement durable, de leur responsabilité sociale et environnementale. Question QVT (qualité de vie au travail), nous faisons un zoom autour de la journée du sommeil ce 13 mars, sur les effets du travail de nuit et les pistes pour bien le vivre.
Les métiers de l'accompagnement continuent de s'interroger : découvrez cette semaine "l'assistant au projet de vie". Mis en oeuvre dans le secteur du handicap, arrivera-t-il sur le champ du grand âge ?
Quant aux soignants, ils sont invités à rejoindre la réserve sanitaire pour faire face à l'épidémie.
Ce virus nous oblige à affronter nos peurs, individuelles et collectives.
On le sait : la peur n'évite pas le danger. Elle est mauvaise conseillère quand elle ne déclenche que des émotions négative. Elle est utile en revanche pour alerter, pour rester vigilant... sans tomber dans l'excès, la panique, la psychose.
Avons-nous d'ailleurs les moyens d'une telle peur ?
A nous de la reconnaître pour mieux l'accueillir, l'utiliser ou nous en détourner. En ouvrant notre esprit critique aux champs des possibles, à la vie qui est risque, à notre sens des responsabilités individuelles et collectives, à nos capacités à ne pas subir, à agir.
Pour ne pas avoir peur d'être fier des magnifiques métiers du grand âge, du prendre soin, quotidien, intime, chaleureux, humain, citoyen... d'autant plus face à ces virus qui font peur.