Accompagnements & soins
Coûts et surcoûts du Covid, mais pas que
Mise en lumière des métiers du care, de la vie sociale, des organisations agiles, réactives…
La crise sanitaire du Covid 19 revèle à nouveau les failles du médico-social notoirement sous-doté tant pour les accompagnements aux domiciles que dans les établissements d'accueils notamment les Ehpad. Des structures et des professionnels en première ligne qui prennent soin de personnes atteintes de polypathologies, de handicaps provoquant des troubles parfois sévères jusque la fin de vie.
Un secteur balloté entre l'état et les départements qui se renvoient la balle pour les financements. Aussi l'AD-PA se révolte-t-elle à nouveau. Son président Pascal Champvert invite ses adhérents à verser à leurs équipes les mêmes primes que celles qui seront versées aux professionnels hospitaliers. Des surcoûts pour les uns, des décisions financées pour les autres comme une reconnaissance de la République.
Le Covid 19 a fermé les établissements, confinés les personnes, atteint les professionnels. Les interventions aux domiciles ont diminué tout comme les taux d'occupation en établissements. Les personnels malades ont dû être remplacés, les professionnels sur-mobilisés, les achats ont grimpé en matériels de protections et d'hôtellerie pour assurer des repas dans les domiciles (chambres). Retrouvez les ressources pour les services aux domiciles, le système D pour s'approvisionner, les ressources en psy et coachs pour écouter les peurs, les dilemmes éthiques, la mobilisation des approches non médicamenteuses pour soutenir les professionnels.
A l'heure où le déconfinement s'organise, les enquêtes fleurissent pour estimer la facture : à vos claviers pour estimer les coûts et surcoûts à financer.
D'autres enquêtes vont suivre les plaintes de proches contre des Ehpad de tous statuts mais notamment les groupes privés commerciaux dont les deux principaux, Orpea et Korian ont renoncé à verser des dividendes à leurs actionnaires.
Que voulons-nous individuellement et collectivement pour notre grand âge ? Le Covid 19 vient à nouveau percuter ces impensés, ces dénis refoulés.
Les coûts, les surcouts directs liés à la crise sanitaire mais aussi les coûts de la non-qualité : les surconsommations, les hospitalisations évitables, les effets iatrogènes de la dénutrition qui peut atteindre 15 kg, les accidents, arrêts de travail dans notre secteur plus accidentogène que le BTP (Bâtiments et travaux publics).
Or ce Covid 19 met aussi en lumière ces métiers du care, ces invisibles, ces "auxiliaires" dont l'importance quotidienne éclate au grand jour, partout sur les territoires. Ils sont indispensables aux personnes fragilisées, aux aidants confinés, aux services hospitaliers débordés.
Ce Covid 19 éclaire la valeur de la vie, avant l'économie, avant la seule santé. Si la protection du système de santé a poussé à des mesures de confinements socialement acceptées, les professionnels ont su alerter face aux effets délétères d'une seule politique contre l'infection. Le confinement est délétère pour certaines personnes aidées. Les stratégies adaptatives sont nécessaires pour les aider à vivre et les protéger. Le Comité National Consultatif d'Ethique (CCNE) a donné raison aux alertes de terrain.
Ce Covid 19 montre l'inventivité, l'engagement des acteurs de terrain comme ces maires ruraux (AMRF) dont les couturières produisent des masques, ces Villes Amies des Ainés, aux professionnels des ESMS qui inventent pour favoriser la vie sociale, s'ajustent quasi du jour au lendemain (avec cette ré-ouverture aux visites en Ehpad un dimanche)...
Reste à notre société de protéger aussi ces équipes qui structurent, justifient, évaluent, rendent des comptes sur leurs stratégies face aux risques d'états confusionnels aggravés. C'est le sens de la lettre ouverte des labellisés Humanitude à Olivier Véran.
A notre société de savoir comment elle veut accompagner son vieillissement : sous l'angle des coûts, des surcoûts, des problèmes ou sous l'angle des projets, des dynamiques pour un plan de relance post Covid 19, vers une loi Grand Age ambitieuse, avec des professionnels qui ne sont plus patients.