Qualité & management
Maltraitances, alerter et rester vigilant
Le dernier sondage Sofres pour la FHF montre les inquiétudes des français quand ils réfléchissent au grand âge.
Un sur deux a une mauvaise image des maisons de retraite. Le récent ouvrage "l'Or gris'' pointe les dérives de maisons non contrôlées, livrées à l'appétit des marchés financiers, dont le personnel épuisé, non encadré, incompétent, peut devenir maltraitant.
L'ouvrage montre que notre pays n'a pas pris encore la mesure des enjeux. Il n'a pas investi dans la professionnalisation massive des services qui viennent en aide aux plus fragiles (que ce soit à domicile ou en établissement d'accueil).
Malgré la canicule de 2003, malgré des recommandations de bonnes pratiques professionnelles, malgré l'ouverture de services d'écoute (ALMA, le 3977), les situations à risque de maltraitance semblent augmenter au prorata du nombre de personnes concernées. Le manque de données sur ce sujet, une sorte d'Omerta, ne permetent pas de réelles prises de conscience des enjeux par les pouvoirs publics nationaux et locaux.
Le manque de repères (une personne âgée malade reste un citoyen, elles n'est pas forcément "vulnérable", "sous tutelle", ou "grabataire"), le manque de taux d'encadrement opposables en personnel compétent, laissent notamment libre court aux dérapages des affairistes, des incompétents, des négligents.
Gare à l'image dépréciée de la grande vieillesse, à l'âgisme.
Gare à l'isolement et à l'épuisement des aidants familiaux et professionnels.
Des études internationales (réseau RIFVEL, test pour repérer des situations à risque de maltraitance) montrent que ces risques augmentent quand la maladie s'aggrave, amplifiant le besoin d'aides (notamment pour les personnes âgées atteintes de maladies neuro-dégénératives).
Un facteur majeur de risque est l'isolement de la personne malade, de l'aidant, professionnel ou non.
Le manque de regards, d'aides extérieures, structurées, encadrées, peut laisser libre court à des actes maltraitants envers les plus vulnérables.
Nous sommes tous concernés.
Face aux besoins d'aides, à la fatigue, au manque de moyens, le geste maltraitant peut survenir.
Il s'agit de rester en alerte et chercher à échanger sur les difficultés rencontrées, si possible avec des professionnels éclairés, éclairants.
En cas de danger, de situation à risque, alerter, signaler est nécessaire, obligatoire parfois (au risque de se voir accuser de non-assistance à personne en danger).
Notre pays doit prendre la mesure des enjeux, permettre l'expression de la citoyenneté des personnes fragilisées et renforcer les moyens de repérage, d'alerte et d'aides aux aidants familiaux et professionnels.
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