Accompagnements & soins
Alzheimérien, pathossification, girage, avenir. Trouvez l'intrus !
A l'instar de Pierre Desproges qui faisait rire sur le cancer : "Je vous donne quatre mots, cherchez l'intrus : métastase, chimiothérapie, schwarzenberg, avenir !", ne pourrait-on s'interroger sur les termes que l'on entend ici, ou là en gérontologie ?
- "Girage" et "Pathossification" ont désormais droit de cité pour parler des évaluations auxquelles sont soumises les personnes malades en demande d'APA (Allocation personnalisée d'autonomie avec la grille Aggir), ou en attente d'une place en EHPAD : Etablissements pour personnes âgées "dépendantes". Les manuels et bonnes pratiques recommandent la participation des personnes concernées par les évaluations, mais qu'en est-il sur le terrain ? Associe-t-on vraiment les personnes aux évaluations et ré-évaluations ? Ne risque-t-on pas de résumer la personne fragilisée à son Gir, son Pathos et son "besoin en soins" ? Le vocabulaire se décline en pertes, manques, besoins et s'éloigne d'une vision non déficiatire, du projet (de vie, de soin), des envies, désirs, créativités.
Pour éviter les "effets pervers" de ces grilles comme la "prime à la grabatisation" dénoncée par des directeurs d'EHPAD, des gériatres en colère, la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) va lancer un travail sur des indicateurs complémentaires. Elle sait qu'un des risques est que les professionnels ne voient leur métier se réduire demain à remplir des indicateurs.
- "Alzheimériens" : pourquoi ce terme ? Parce qu'on dit déjà Parkinsonien ? Parce qu'il serait plus court que "personne malade Alzheimer", "personne atteinte d'une démence de type Alzheimer" ? Le mot est lourd, difficile. Je vous invite à lire ou relire l'article rédigé par un directeur de Clic sur ces mots que nous utilisons pour parler des personnes âgées . Il questionne aussi les mots "placement", "pensionnaires ", "lève-malade", fardeau de l'aidant", "dépendance"...
- "Prise en charge"... et là vous allez me dire, certes "prise en charge" est un vocabulaire très "sanitaire", très "soin", mais par quoi le remplacer au quotidien ?
Je ne suis pas la seule à proposer "prise en soin/prendre soin", "accompagnement/accompagner", "aide/aider"...
Attention aux dérives du vocabulaire alerte Bernadette Puijalon, anthropologue"avec l’emploi de termes très stigmatisants (lit, ehpad, UHR, etc.). Qui peut se sentir chez soi dans une UHR ? Le mot déclenche des images, provoque des réactions de rejet ou d’attirance, crée, renforce les représentations sociales négatives. Autre dérive, la mise en place d’une logique thérapeutique envahissante : musicothérapie, zoothérapie, ortothérapie… A quand les déjeuners en UHR devenus ateliers de masticothérapie ou les ateliers de soulageothérapie au petit coin ?" .
Pierre Desproges a su nous faire rire jusqu'au bout ("Il est mort d'un cancer, Etonnant, non ?).
A notre tour de rire de nous.
Vous avez dit ... Alzheimérien, pathossification, girage ?
Prenons conscience des dérives de notre vocabulaire pour le faire évoluer vers moins de jargon stigmatisant, vers un langage plus respectueux des personnes dont il est question. Vers davantage d’humanité, en somme.
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