Qualité & management
Expérimentations : pour quelle mutualisation ?
Comment ne pas saluer les nombreuses initiatives pour améliorer l'accompagnement plus âgés d'entre nous ?
Question: pourquoi ces exérimentations ne se déploient pas plus sur tout le territoire ?
D'appels à projets, de remises de prix en colloques, on ne compte plus les récompenses des démarches qui parlent
- évaluations des situations des personnes s'appuyant sur des référentiels locaux, nationaux (Aggir, Pathos et bientôt Geva A pour Alzheimer), internationaux (Smaf, Rai)
- coordinations : des coordinations gérontologiques aux réseaux du même nom, en passant par les CLIC (centres locaux d'information et coordination) qui deviennent "maison de l'autonomie" hébergeant une MAIA pour les malades Alzheimer ou situations complexes.
- démarches qualité : certifications, référentiel Iso, guides nationaux (Angélique pour les EHPAD, établissements pour personnes âgées dépendantes), référentiels internes à chaque structure attestés par les évaluations externes (par plus de 800 organismes habilités par l'Anesm).
- filières de soin et prendre soin en amont/aval d'un hôpital pour éviter les hospitalisations injustifiées et couteuses, limiter les recours aux urgences non dédiées, réduire la consommation médicamenteuse et les risques iatrogènes, favoriser un maintien à domicile dynamique et accompagné etc. (Voir les expériences racontées cette semaine autour du CHU de Limoges : équipes mobiles, HAD, numéro d'appel unique pour coordonner les hospitalisations etc...).
Il manque visiblement de retours évalués "scientifiquement", à partir de critères opposables, justifiés, validés, pour que ces initiatives saluées sur les territoires, se déploient au niveau national.
Il manque aussi de critères objectifs d'attribution des moyens, pour éviter ce que j'écrivais il y a peu : une décentralisation non régulée par des repères nationaux afin d'éviter une discrimination de prise en soin selon les territoires (bien ou mal dotés).
Ces critères seront bien utiles aux ARS qui vont devoir répartir les crédits au niveau régional, dépassant les déséquilibres historiques, les lobbys, les corporatismes.
Un exemple "15 lits de médecine équivalent à 500 places de SSIAD (Service de soin infirmier à domicile)" rappelle cette semaine Didier Jaffre de l'Agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne, tout en évitant soigneusement dans ses propos d'employer les mots "convergences tarifaires".
A partir des besoins des populations, des contraintes territoriales (milieux urbains, ruraux, accessibles ou non...), les parcours de soin s'imposent aujourd'hui dans les Projets stratégiques régionaux de santé (PSRS) des ARS comme en Ile de France, en Rhône Alpes.
L'enjeu est d'attribuer les moyens selon la capacité des opérateurs de répondre aux "parcours de soin et prendre soin", obligeant les uns à travailler avec les autres, qu'ils soient en amont et/ou en aval de leur structure.
Au delà des obligations de monter ces filières, de répondre aux critères "objectifs" pour obtenir ses crédits, pour que les choses avancent "il faut que les équipes se rencontrent, physiquement" explique Philippe Verger du CHU de Limoges. Les cultures sanitaires et médico-sociales sont différentes. Il faut apprendre à se connaître, découvrir les moyens (ou manques), les compétences (et les limites) des uns et des autres.
Les filières seront certes inscrites dans les PSRS, mais elles ne se mettront pas en oeuvre "par décret".
Il faudra du temps, des rencontres (cf. les 10 ans du réseau du Val d'Oise ce 8 mars, avec Agevillage) , des projets communs, fédérateurs certes mais évalués, autour de critères validés, pour avancer vers un prendre de soin de qualité, prenant en compte les personnes fragilisées elle-même.
Et ce dans un univers financier visiblement contraint et alors que la demande sociale augmente.