Réseaux & territoires
faut-il des caméras dans les maisons de retraite ?
Alors que la vidéo-surveillance se développe partout dans les villes, dans les villages, pour la sécurité des citoyens, les images insoutenables qui nous viennent d'une enquête de police dans une maison de retraite italienne relancent la question de son utilisation dans la lutte contre la maltraitance.
Est-ce que la pose de caméras réglera les problèmes ?
En France aussi, différents reportages TV ont apporté la preuve d'actes de maltraitance ("Les infiltrés" en 2008 sur France 2), le documentaire sur France 3 "Maison de retraite : du scandale à l'espoir" en 2008), tout comme différents ouvrages : je pense à "Silence on frappe".
La semaine dernière, nous avons relayé le témoignage d'une résidente qui a enquêté autour d'elle et qui a peur.
Accepter de voir ces réalités est nécessaire : sans prise de conscience, comment agir ?
Les associations comme ALMA, HABEO (N° national : 3977) martèlent depuis des décennies en France que les situations à risque de maltraitance sont nombreuses à domicile comme en établissements d'accueil.
Elles ne sont pas toutes de même nature mais traduisent des difficultés à différents niveaux face à un prendre soin de plus en plus lourd et exigeant :
> Difficultés individuelles : limites de compétences, épuisement, peur, poids des habitudes d'une équipe en deshérence, manque de moyens, de formation, de connaissance, de recul, de recours aux dispositifs de signalement ...
> Difficultés institutionnelles : projet d'établissements, de service, démarches qualité inefficaces, manques structurels de temps, de moyens, de formations, de management, organisations rigidifiées...
> Défaillances des politiques publiques : quid de l'efficacité du numéro d'appel national : 3977 ? Des antennes ALMA locales ? Quid du manque de "personnes qualifiées" dans 7 départements sur 10 ? Quid des manques récurrents de moyens dans les établissements et services pour former, encadrer, contrôler, accompagner ?
Les caméras ne sont qu'un des outils possibles, pour détecter des problèmes, sous le regard d'une autorité démocratiquement désignée.
Poser des caméras dans des lieux publics ou privés (comme une chambre) soulève de nombreux problèmes éthiques : filmer pour qui ? Pourquoi ? Pour quels usages ? Sous quelle autorité ?
La maltraitance est un enjeu sociétal, complexe, interministériel : médico-social, économique, juridique. Le Québec l'a compris.
Pour redonner confiance dans les services, dans les professionnels, notre pays ne pourra faire l'économie d'un dispositif national digne de ce nom et d'en appeler à la responsabilité de chacun.
C'est parce que des familles et des infimières ont osé dénoncer des maltraitances que celles-ci ont cessé dans l'établissement italien.
Qu'attendons-nous pour agir en France ?
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