Politiques grand âge
Trois rapports sur le vieillissement. Et les finances dans tout ça ?
Le premier Ministre a reçu la semaine dernière trois rapports qui convergent vers la nécessité de faire évoluer notre société et de l'adapter aux enjeux du vieillissement.
Habitat, logement, prévention, technologies, de nombreuses pistes ont été soulevées.
Un point majeur n'a pas été abordé : l'argent.
Certes, la situation des finances publiques n'est pas au beau fixe tant du côté de l'Etat que des collectivités locales qui sont largement sollicitées (APA : Allocation personnalisée d'autonomie, EHPAD : établissements pour personnes âgées dépendantes, soutiens des services à domicile...).
La question du financement des retraites revient dans les priorités du Chef de l'Eat.
L'espérance d'une croissance économique re-mobilisante pour les finances n'est pas prévue à l'horizon en 2013, peut-être 2014.
Aussi Michèle Delaunay, ministre chargée des personnes âgées et de l'autonomie, modère son enthousiasme quant à son projet de loi "autonomie" pour la fin d'année, le début d'année prochaine, "selon la situation économique de notre pays".
Pendant ce temps, le "reste à charge" des personnes âgées, fragilisées, malades, ayant besoin d'aides et de soins, tant à domicile qu'en établissement, est trop lourd au regard des retraites moyennes (2200 euros en moyenne par mois pour une chambre en EHPAD).
L'obligation alimentaire qui pèse sur les proches est aujourd'hui jugée archaïque.
Et notre pays propose toujours des prestations différentes entre les personnes handicapées de moins de 60 ans (qui peuvent percevoir la PCH (Prestation de compensation du handicap) et les plus de 60 ans qui peuvent bénéficier de l'APA (allocation personnalisée d'autonomie), moins avantageuse, et attribuée différemment d'un département à l'autre.
Les enjeux financiers sont importants pour les années à venir mais pas insurmontables (de 3 à 10 milliards d'euros). Rappelons que près de 30 milliards du fonds publics sont déjà mobilisés (aides aux soins via la Sécurité Sociale, aides à l'hébergement, au logement, APA...), sans compter le "reste à charge" financé par les vieilles personnes et leurs proches (une meilleure organisation de la filière des aides et des soins pourrait optimiser ces crédits).
Le recours à l'assurance dépendance individuelle ou collective (via les entreprises) revient dans les discours gouvernementaux.
Or les experts expliquent que ce recours à l'assurance privée ne pourra agir qu'en complément d'un socle de solidarité nationale qui a toujours besoin d'être renforcé, clarifié avec un vrai outil d'évaluation de l'autonomie (stable, complet, national, opposable), des filières d'aides et des établissements identifiés, labellisés, des "référents professionnels" visibles qui évaluent, orientent, coordonnent les situations complexes.
Un vrai sujet de société qui ne pourra pas être constamment repoussé au risque d'épuiser et de désespérer chacun d'entre nous qui avançons aussi en âge.
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