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Crise covid-19 : 4 pistes de Fabrice Gzil pour restaurer la confiance
Emmené par Emmanuel Hirsch, l'Espace éthique Ile-de-France et maladies neuro-évolutives poursuit les travaux de son Observatoire covid, éthique et société. Ce 31 mai, un webinaire rassemblait les experts de l'espace éthique, les associations et les collectifs de familles en Ehpad. L'enjeu : restaurer la confiance. Dans sa conclusion, Fabrice Gzil propose quatre pistes.
Encore beaucoup de colères
L'auteure de L'adieu interdit, Marie de Hennezel, a souligné l'insupportable déni de la mort, les cauchemars d'inhumanité, les souffrances tous azimuts (côté personnes en situation de vulnérabilité, proches, professionnels).
Des situations terribles
toujours vécues aujourd'hui dans des Ehpad encore trop fermés selon les
témoignages poignants des représentants des associations de victimes et
de personnes vivants en ehpad : L'association des victimes de la covid-19, Sara Piazza, psychologue clinicienne en service de réanimation et en équipe mobile de soins palliatifs au sein du Collectif Vital, les familles d'Ehpad Collectif Familles 42, Laurent Frémont et Stéphanie Bataille, cofondateurs du collectif Tenir ta main qui a lancé une
pétition forte de près de 50 000 signatures : Visiter un proche à
l'hôpital ou en Ehpad quand on veut, c'est vital. Covid ou pas.
De la nécessité de restaurer la confiance
Au regard des transgressions vécues concernant les valeurs, les devoirs inconditionnels des uns, des autres, le philosophe et éthicien Fabrice Gzil, auteur d'un document-repère pratique pour l’accompagnement des personnes âgées dans les ESMS, suggère quatre pistes :
- Mettre des mots sur les situations et les souffrances vécues, ne pas banaliser la violence ni les souffrances psychiques, morales, éthiques.
- Rendre hommage aux victimes du covid-19, des vies dignes d'être pleurées, cf. le texte de la philosophe Judith Butler : pour ne pas rester étrangers à nous-mêmes et surtout ne pas renforcer ce sentiment d’être étrangers aux autres, « nous
avons besoin de renforcer les liens sociaux et de concevoir notre
appartenance à la société comme une forme d’interdépendance ».
- Réinstaurer (instaurer si ce n'était pas fait) la place des personnes concernées, de leurs représentants dans les institutions aux côtés des professionnels.
- Ne pas exclure la question de la mort dans le prendre soin, remettre au 1er plan la question du symbolique, de la spiritualité dans le soin, dans la relation éthique à autrui. Si on la minimise, on crée d’immenses souffrances estime Fabrice Gzil. C'est un enjeu d’humanité profonde dans les soins.