Qualité & management
Déficits, départs, dépressions : quand les directeurs craquent à leur tour
Porter à la connaissance les tensions au risque de renforcer l’érosion alarmante des effectifs
Comment faire face aux impasses de trésorerie des structures ? A domicile ou en établissement, les structures jonglent avec l'impact de l'inflation, les mesures salariales non financées, le manque d'attractivité qui aggrave les difficultés pour faire face aux plans d'aide ou les baisses du taux d'occupation.
Dans les Ehpad, notamment publics, les directeurs font face à des déficits inédits qui s'aggravent sur 2023.
Ils témoignent de fatigues, de risques dépressifs qui s'aggravent.
Reconnaître la situation, la dire, accepter de se faire aider, d'aller se ressourcer auprès d'expériences inspirantes… Voir les ressources de l'association des soins aux professionnels de santé (SPS).
Ils sont nombreux à se regrouper, à chercher d'autres façons de prendre en soin, en lien, connectés. Comme le montrent ces études sur la transformation des aides et soins intégrés, connectés, dans les communautés, sur les territoires, avec des équipes formées, compétentes, autonomisées, accompagnées, évaluées.
Se protéger, se ressourcer et retrouver du sens dans son travail, se projeter dans une société où “old lives matter”
Lors des journées d'échanges et de rencontres de l'Humanitude à Dax les 28 et 29 mars derniers, Hervé Tomassi qui dirige plusieurs Ehpad publics comme les Balcons du Lot labellisés Humanitude a témoigné des impacts douloureux des tensions budgétaires.
Il a été rejoint par Aude Berger Amstutz, directrice adjointe de deux Ehpad publics du Lot-et-Garonne, qui a elle-aussi touché par son témoignage personnel et universel.
Alors que les signaux étaient au rouge en termes d'épuisement professionnel, il lui a été néanmoins difficile d'aller chercher de l'aide, médicale mais pas seulement.
Elle a aussi senti le besoin d'aller chercher des expériences probantes, réussies auprès de directions qui avaient mené des projets motivants, concrets, pérennes.
Lors d'une journée d'échanges sur l'Humanitude, elle a ainsi découvert le travail de Sabine Soubiraa, directrice des résidences services seniors Le Soleil du Yet et Les Jardins du Soleil à Dax qui défend la liberté des habitants, en échos au reportage de l'INA : Madame Hervé, 89 ans, pleine de vie en 1969 et tellement actuelle.
Aude Berger Amstutz s'est aussi ressourcée auprès d'auteurs comme Brené Brown qui travaille le pouvoir de la vulnérabilité, l'importance de la connexion entre individus.
Soutenue par sa direction, elle a déclenché des formations Humanitude auprès de professionnels sceptiques qui ont basculé quand ils ont testé ces savoirs, ces techniques qui apaisent 83 % des soins difficiles, qui renouent les liens avec les personnes aux troubles qui épuisent, qui permettent de se faire du bien en faisant du bien.
Les équipes ont alors décidé d'embarquer leurs établissements vers le label Humanitude, comme guide de la démarche qualité, comme fierté des métiers du lien.
"Old lives matter" a répété Aude Berger Amstutz en écho à la campagne contre l'âgisme de l'OMS, reprise par la société française de gériatrie et gérontologie (SFGG).
La vie des plus vieux, la vie des professionnels, la vie des directeurs comptent. All lives matter.
Comment s'encourager pour trouver le courage de défendre ces valeurs ? Où trouver les forces, les alliés pour défendre une culture partagée d'un vieillir debout, jusqu'au bout, malgré tout ?
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