Désinstitutionnalisation : les approches centrées sur la personne, ça marche !

"La différence entre une utopie et un changement sociétal, c'est la mise en action !"

Jérôme Erkes s'appuie sur cette citation de Goethe pour annoncer sa volonté de mobiliser les différents promoteurs des approches centrées sur la personne pour peser sur les politiques publiques.

Ces approches sont issues des travaux du psychologue nord-américain Carl Rogers à partir des années 1940. Dans les années 1990, Thomas Kitwood (1992) cependant, émet l’hypothèse que l’identité individuelle émerge du contexte social. Dans le cas de maladies neuroévolutives, la personne est incapable d’adaptation et dépend des soignants pour se construire une identité personnelle.

D'où l'intérêt d'approches comme la Validation de Naomi Feil, Carpe diem de Nicole Poirier, l'Humanitude d'Yves Gineste et Rosette Marescotti, et la méthode Montessori adaptée aux plus âgés qu'enseigne Jérôme Erkes.

"Depuis plus de 30 ans, la littérature scientifique montre que ces modèles sont plus équilibrés financièrement et moins coûteux" estime-t-il. Il vient de terminer une thèse pour contribuer à repenser l’accompagnement des troubles cognitifs dans le vieillissement à partir de ces approches centrées sur la personne.

"Tous les professionnels formés attestent de leurs bienfaits, pour autant les résistances professionnelles, culturelles persistent. Les formations initiales n'intègrent pas ces approches. Et les financements restent centrés sur la dépendance !"

Et si l'on sortait du stade de l'expérimentation pour déployer réellement, concrètement ces approches aux modèles d’organisation qui s’adapte aux personnes aidées, où les soins sont des moyens pas des objectifs, où le droit à l’autodétermination, à l'envie est reconnu, défendu, où l'on privilégie les relations sociales chaleureuses, positives avec des activités porteuses de sens, axées sur la vie quotidienne pour ceux qui le souhaitent, dans un environnement agréable et adapté ?

Des possibles qu'ont défendu aussi lors d'AGEx :

Kevin Charras, directeur chez Living lab Vieillissement et Vulnérabilités, CHU de Rennes, président de Kozh Ensemble/Gerontopole Bretagne, à l'initiative de la démarche POP pour Participation Ordinaire Préventive. Il vient de participer à un ouvrage sur le design inclusif, de l’établissement à l’ensemble de la cité.

Le professeur Bertrand Fougère invite les Ehpad à devenir Centres Ressources du Territoire (CRT), ouverts, chaleureux, inventifs, inclusifs, pour l'attractivité des métiers, pour l'image de ces lieux vers les résidents, mais aussi tous les citoyens. Des lieux ressources avec des services d'intérêt général partagés, mutualisés.

Avec une architecture qui fait simple, défend les droits (la liberté d'aller et venir) et ne négocie pas sur l'essentiel estime l'architecte Fany Cérese. Vers des colocations qui ne ressemblent pas aux Ehpad, analyse aussi Alexandre Faure.

Où en vieillissant, on réinvente ce que nous attendons des personnes. "Sans cette attente, comment créer l’échanges ? et donc inventer des espaces de liberté ?", questionne le sociologue Michel Billé.

Jamais on ne vous reprochera d’essayer : débute maintenant ! disait Goethe

Comme un slogan aligné avec les Bistrots Bertha d'Antoine Gérard !