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Hommage à Lucien Mias, légende engagée du rugby et de la gériatrie, décédé à 93 ans
Né en 1930, le docteur Lucien Mias voulait "emmerder les gens jusqu’à cent ans", nous avait-il expliqué dans une interview pour agevillage.com en 2011. Cette légende du rugby était aussi une légende pour les professionnels de la gériatrie, accros à Papydoc, à ses avancées issues du terrain où les soignants sont les "acteurs du soin", rappelait-il. Hommage.
Légende du rugby français et mazamétain, le docteur Lucien Mias était double vainqueur du Tournoi des V Nations. Il fut le capitaine lors de la tournée sans doute la plus mémorable du XV de France en Afrique du Sud 1958.
Mais c'est sur le terrain de la gériatrie que nous l'avons connu via la liste de diffusion Gérialist notamment. Il avait pris la direction du service gériatrie de l’hôpital de Mazamet en 1987. Et comme au rugby, il s’est appuyé sur l’équipe en place pour faire avancer les choses.
"J’ai toujours eu envie d’aller voir de l’autre côté de la colline. Aujourd’hui, je voudrais aller aux Fidji pour comprendre pourquoi ils sont si bons en rugby. Il faut toujours garder une lumière au bout. Je vivrai centenaire et j’emmerderai les gens jusqu’à cent ans", nous avait-il expliqué le mardi 28 juin 2011 lors d'une interview pour agevillage.com.
De son expérience gérontologique, le docteur Mias dit qu’elle a été la période "la plus exaltante" de sa vie, "plus que le rugby" où pourtant il acquiert une notoriété internationale. Pourquoi cet intérêt pour les « vieux « ? "En tant que médecin de famille, je voyais qu’on déconnait avec les personnes âgées. On ne savait pas faire. A 65 ans, usés par le boulot, les gens rentraient en maison de retraite parce qu’ils ne pouvaient plus vivre dans de vieilles habitations sans toilettes, sans confort". Et là, ils se retrouvent dans des mouroirs où nul ne sait vraiment s’occuper d’eux.
Mais plus que les besoins du secteur, c’est l’évolution de la médecine qui détermine ce choix. Les progrès fulgurants de la technologie médicale (imagerie médicale, analyses…) dessaisissent progressivement le médecin de sa capacité de diagnostic. "On se retrouve à prescrire des examens et à distribuer des médicaments." C’est sur ce constat que je me suis dit « tu vas t’occuper des vieux »". Un secteur où la technologie est impuissante.
Papidoc. "Quelqu'un m’a dit un jour : quand tu auras quitté l’hôpital de Mazamet, tout ce que tu as fait va disparaitre, ce sera comme si ça n’a pas existé. Il avait raison, car en plus je n’étais ni parisien ni professeur de médecine. Mais la révolution Internet a tout changé. On peut diffuser autrement que par les voies académiques. Le site Papidoc existe. Je le gère et je l’enrichis tout seul. On écrit aujourd’hui qu’il est « incontournable »".
Lucien Mias a même assuré sa pérennité après ma mort, car il est désormais
hébergé gratuitement sur le serveur de l’hôpital de Mazamet. "Le
directeur de l’hôpital de Mazamet est venu me voir un jour sans raison
précise. Par curiosité sans doute pour le rugby ou la gérontologie. J’en
ai profité pour lui demander un droit d’hébergement. Il a accepté."
http://papidoc.chic-cm.fr/
Au revoir monsieur Mias et merci.
Votre héritage nous oblige.
Nous présentons nos sincères condoléances à ses proches.