Qualité & management
Hommage à Colette Eynard militante de la pluridisciplinarité en gérontologie
Colette Eynard n'était pas née en gérontologie. Après une première carrière professionnelle, elle s'est investie dans sa commune pour un projet associatif de regroupement de logements pour des personnes âgées en difficulté.
Elle s'est alors formée à l'université en gérontologie sociale pour devenir consultante et intégrer le Réseau des consultants en gérontologie qu'hébergeait l'ancien Centre de liaison, d’étude, d’information et de recherche sur les problèmes des personnes âgées (Cleirppa).
Colette Eynard a alors accompagné de nombreux projets gérontologiques comme le programme participatif Sepia pour "Secteur expérimental pour une programmation innovante de l'habitat des personnes âgées", lancé en 1989 par les ministères du Logement et des Affaires Sociales.
Elle s'est ensuite investie avec la Fondation Médéric Alzheimer pendant une dizaine d'années dans le programme Eval’zheimer où elle a rencontré Kevin Charras (aujourd'hui directeur chez Living lab Vieillissement et Vulnérabilités au CHU de Rennes, président de Kozh Ensemble, le Gérontopôle Bretagne).
Enfin, elle a collaboré avec des architectes Didier Salon et plus récemment avec Fany Cérèse pour des habitats respectueux et co-construits avec les habitants eux-mêmes, avec les professionnels en première ligne.
L'information de la disparition brutale de Colette Eynard a été communiquée par Fany Cérèse et Kevin Charras dans un vibrant hommage.
"À force de ne voir que les déficiences, et donc la vulnérabilité, des personnes âgées, ne sommes-nous pas enclins à surjouer la vulnérabilité et la fragilité et ainsi à déclencher des mécanismes de surprotection, entraînant la médicalisation et par voie de conséquence la stigmatisation puis l’exclusion ? La vulnérabilité, tout comme la fragilité, doit être mise en question pour mieux comprendre les postures d’accompagnement et permettre de les ajuster pour la prendre en compte, sans la cristalliser ou la potentialiser", déclarait Colette Eynard.
Comment vivre avec la double peine : vieux et malade, handicapé, socialement défavorisé ? Est-ce que les vieux doivent être mis sous cloche ?
Colette Eynard questionnait la toute puissance du biomédical. Elle rappelait que la fragilité, la vulnérabilité touchent tout le monde, y compris les professionnels et les institutions, qui, s'ils n'en ont pas conscience, peuvent aggraver cette vulnérabilité. Elle était vent debout contre toute forme de modélisation et préférait valoriser tout ce qui est personnalisé, qui s'adresse à une personne et non une catégorie.
En 2022, le prix "Elles en action" créé par la Fondation I2ML (Institut méditerranéen des métiers de la longévité) et le magazine Géroscopie l'a récompensée pour ses travaux.
La gérontologie sociale est en deuil aujourd'hui.
Et pour que Colette Eynard continue d'inspirer : écoutez-la aux Etat généraux de la séniorisation : attention aux politiques spécifique pour les vieux au risque de ne jamais parvenir à une société inclusive. Le vieux est une personne autonome malgré ses éventuels handicaps. Lisez justement sa plume dans cet ouvrage forcément collectif qui invite à s'affranchir du concept du handicap. Retrouvez ses engagements dans cet autre livre qu'elle a dirigé aux éditions Eres : Les vieux sont-ils forcément fragiles et vulnérables ?
Retrouvez sa plume affutée dans le blog Un monde à part avec Fany Cérèse et dans un long Grand entretien de Frédéric Serrière le 10 décembre 2020.
Nous présentons nos sincères condoléances aux proches de Colette Eynard.