Politiques grand âge
Aider à vivre / aider à mourir : discours duels pièges
Difficile de ne pas voir les doubles discours, les annonces sans accompagnements ni moyens associés, les injonctions contradictoires dans un secteur sous haute tension, où les départs des professionnels, des managers sont patents. Le nombre de directeurs d'ESSMS qui veulent devenir évaluateurs HAS donne à penser qu'il y aura plus d'arbitres que de joueurs sur les terrains désertés !
Les discours sur le "virage domiciliaire" sont un bel exemple.
Avec cette 2ᵉ journée nationale des aides à domicile ce 17 mars 2024, dont les éléments de communication sur le site du gouvernement restent ceux de 2023...
Des aides à domicile essentielles, parfois seul rayon de soleil dans des domiciles trop isolés, alors que l'Etat martèle ce "virage domiciliaire" : avec qui ? Comment ? Avec quelles ressources ?
Un "virage domiciliaire" en établissement d'accueil aussi où l'accueil des animaux de compagnie sera organisé dès le printemps annonce la nouvelle ministre Fadila Khattabi (confirmé par la CMP de la PPL Bien Vieillir). Un accueil à accompagner bien évidemment avec toutes les parties prenantes : avec les habitants (dont, faut-il le rappeler, 72 % sont atteints de pathologies lourdes notamment cognitives), avec le CVS, avec les proches sur les questions d'assurance, de soins vétérinaires, de gestion des conflits, de la mort de l'animal… Avec les professionnels en première ligne qui veulent tous aider à vivre : chez soi ? Donc restons cohérent : avec son animal qui tient compagnie depuis tant d'années.
Ce "virage domiciliaire" est aussi martelé dans la proposition de loi Bien vieillir sur laquelle députés et sénateurs se sont mis d'accord pour la carte professionnelle des aides à domicile et pour un déploiement assoupli des services autonomie à domicile. Difficile en effet de mobiliser et harmoniser 101 Apa dans les 101 départements...
Double discours donc : une loi universelle, mais 101 politiques territoriales, autant d'injustices, d'inégalités alors que les besoins sont les mêmes !
Franchement, il en faut de la ressource, de la force, pour tenir, continuer.
Richard Tourisseau et Marcel Nuss n'en manquaient pas : voir les hommages cette semaine à ces figures, l'un du service public médico-social, l'autre des libertés individuelles, de la sexualité quel que soit le handicap. Voir aussi cette semaine 10 leviers de l'Anap pour renforcer l’attractivité et la fidélisation des professionnels du prendre soin et pas moins de 90 solutions pour financer sa politique RSE par Olivier Toma de Grant Thornton France/Primum Non Nocere
Le vieillissement démographique invite à investir pour éviter les coûts de la non-qualité, les coûts pour la santé des personnes accompagnées, des professionnels.
Quel est leur métier d'ailleurs ? Aider à vivre ? Aider à mourir ?
La proposition de loi annoncée par le président de la République consterne les soignants en colère. Au lendemain de la mort de Robert Badinter, la rupture anthropologique d'un état qui autorise à tuer s'ouvre. Au risque d'attiser les tensions au lieu de les apaiser comme savent le faire la culture, les services de soins palliatifs… quand ils existent.
De l'importance d'identifier les pièges de la dualité des doubles discours pour éviter d'épuiser les meilleures volontés.