Politiques grand âge
Pierre Roux, un homme de convictions à la tête de l’AD-PA
Le 23 mai, l’emblématique Pascal Champvert a cédé sa place à la tête de l’AD-PA à l’Aveyronnais Pierre Roux, lors d’une réception à Paris. Anciennes ministres et représentants d’autres fédérations, personnes âgées et députés étaient venus saluer le départ du premier, après 35 ans de présidence, et accueillir le second. Un homme discret, mais profondément engagé. Portrait du nouveau président de l’AD-PA.
Pierre Roux est né professionnellement en 1985. Etudiant infirmier, il effectue son premier stage dans une maison de retraite, où il était chargé des soins de deux femmes de 96 et 100 ans.
« C’est cette expérience qui m’a décidé à consacrer mon parcours professionnel aux personnes âgées », explique-t-il. « Du haut de mes 20 ans, j’ai pu mesurer l’écart entre la richesse de ces personnes, la beauté de cette relation qui consistait en un apprivoisement réciproque et le dédain, à l’époque, de certains soignants, de la direction et des élus locaux ».
De ce constat d’injustice, de déni d’humanité naît un engagement sans faille, au service des personnes âgées. En 1999, avec ses collègues de l’Aveyron, il manifeste contre le non-financement des lits médicalisés dans son département. 3 000 personnes se rassemblent à Rodez… et obtiennent que 225 lits sur 235 soient financés.
Un peu plus tard, en 2000, il rencontre Pascal Champvert lors d’un colloque à Béziers, et décide dans la foulée d’adhérer à l’AD-PA : « ce n’est pas tant la qualité de son discours que le fond, la teneur des propos qui m’ont convaincu », raconte-t-il.
Car les deux hommes partagent bien des convictions, et notamment que tout être humain, tout citoyen reste un être humain et un citoyen jusqu’à son dernier souffle.
Très vite, Pierre Roux est sollicité par l’association pour faire partie du conseil d’administration, qu’il intègre dès 2001, puis du bureau, qu’il intègre en 2010.
Il y occupe quelques années le poste de secrétaire, avant de céder sa place, trop pris par ses projets en Aveyron, et notamment la création du GCSMS Palaios, qu’il dirige aujourd’hui.
Désormais, le groupement est sur les rails, et les incertitudes levées quant aux projets qui y sont menés. De quoi libérer, un peu, l’esprit de Pierre Roux et le convaincre d’accepter de prendre la succession de Pascal Champvert.
Encouragé par son entourage à l’AD-PA et ses collègues aveyronnais, il s’est donc présenté à la présidence et été élu lors de l’assemblée générale du 22 mai.
Avec une conviction, celle de « l’impérieuse nécessité d’appréhender le grand âge autrement ». Et une devise : « ne jamais subir, toujours faire face».
Dans le contexte actuel, Pierre Roux le sait, il faudra lutter, faire « rien que ce qu’on peut, mais tout ce qu’on peut ».
Avec trois objectifs pour l’AD-PA : conserver un fonctionnement collectif, ouvert, partagé et riche de ses différences, rester une association ouverte à tous les partenariats et faire du grand âge un enjeu politique.
« Il faut que nos concitoyens comprennent ce que ça signifie, pour leurs parents, leurs grands-parents, leurs arrière-grands-parents, et eux demain », avance-t-il. « Je crois que nous sommes face à un choix de société ». Un choix de société souvent travesti en choix budgétaire, dénonçait-il lors de son discours d’intronisation le 23 mai.
Face à ce défi, il appelle tout un chacun à se mobiliser. « Je n’accepte pas que la mort sociale précède la mort physique. Il faut que notre société fasse preuve de plus d’humanité envers les plus vulnérables. »
Un défi qu’il s’apprête donc à relever, soutenu par le collectif et le nouveau bureau de l’association, et notamment son vice-président Pascal Champvert.