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Qualité & management

Quand "faire à la place" coûte plus cher que pallier les incapacités

Auteur Annie De Vivie

Temps de lecture 3 min

Date de publication 19/06/2024

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Au Géronforum de la Fnaqpa ce 13 juin, le chercheur hollandais Stan Vluggen a cueilli les participants avec cette question : d'après vous, quel est le pourcentage de professionnels qui agissent, qui font à la place des personnes aidées ?

30, 50, 70 % ?

La réponse est 95 %.

Les professionnels, soignants notamment, ont conscience qu'ils en font trop, mais la stimulation des capacités, des compétences des personnes aidées est pour eux une perte de temps au regard des pressions qu'ils vivent.

Au point que les habitudes s'installent, les automatismes s'ancrent, au risque d'épuiser, de perdre le sens de ses missions… en cette semaine de la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) !

Faire, faire, faire à la place des personnes aidées… épuise aussi leurs capacités, leurs potentialités. Les personnes intègrent les limitations, les interdits au risque d'alourdir encore les besoins d'aides et de soins (comme le montrent les études menées en Hollande où le pays change de paradigme alors que nos modes de financements en France restent centrés sur ces besoins en aides et soins (GMP/PMP) rappelle le directeur de la Fnaqpa Didier Sapy).

L'observatoire de l'Odas partage ce mercredi les résultats de son enquête annuelle sur les dépenses sociales et médico-sociales des départements en 2023, et alerte sur les difficultés à venir
, à moins de reconstruire les solidarités de proximité, sans faire à la place des citoyens.

S'il est difficile de bousculer les regards, les pratiques, les paradigmes, ce n'est toutefois pas impossible.

Ne pas faire à la place des personnes, c'est proposer une qualité d'accompagnement "au bon niveau de soin". C'est exigeant, cela demande des formations et un pilotage continu aux résultats d'intérêt général (pour la qualité de vie des personnes aidées et la QVCT des professionnels). Voir cette semaine les partages d'expériences autour du pilotage de la démarche Humanitude avec des témoignages de structures labellisées : Ehpad, Spasad/Sad).

Voir aussi ces 15 clés de l'experte Anne-Marie Pronost au congrès de l'Unassi pour manager les générations silencieuses, les baby-boomers, mais aussi les Y, Z, Alpha qui arrivent dans les structures médico-sociales.

Co-développement, évaluations entre pairs, management de proximité, participatif… sans faire à la place… les nouvelles générations de salariés vont sûrement bousculer les pratiques comme les nouvelles générations de personnes accompagnées. Je pense aux revendications du Cnav, Collectif autoproclamé de la vieillesse : #Rien pour les vieux sans les vieux.

Ne pas faire à la place des citoyens, même en situation de vulnérabilité, cela demande des politiques publiques repensées.

Et si les décideurs, les citoyens, les médias… avaient besoin de repères, d'exemples probants, démontrés, durables pour changer de paradigme ?

Ils pourront en trouver chez les structures, les entreprises primées cette semaine des Gérontrophées aux prix Silver Valley. Ils pourront aussi les découvrir les 13 et 14 novembre prochain pour notre 17eme colloque sur les Approches non médicamenteuses (ANM) à Paris autour des valeurs de l'olympisme au service des athlètes du prendre soin.

Il y a urgence, rappelle la Fnadepa qui estime que les déficits des Ehpad (177 000 euros en moyenne pour 65% des répondants) mettent le secteur en danger. Même son de cloche à la fédération Adedom face aux sous-financements. De son côté, la Fesp (Fédération des entreprises de services à la personne) a mobilisé 200 professionnels pour définir une nouvelle feuille de route et repartir au combat.

Sans faire à la place des citoyens concernés.

Comme ce dirigeant de résidence autonomie adhérent à la Fnaqpa qui envoie les résidents discuter les budgets, les projets, avec les autorités de tarification.

"Nous n'avons rien à perdre d'essayer, d'oser, de rêver", a suggéré Jean-Daniel Coppens, directeur de la Maison de retraite protestante de Montauban au Géronforum de la Fnaqpa.

Qu'il soit entendu à la veille de nouvelles élections ces 30 juin et 7 juillet où l'on ne votera pas à votre place !

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