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Rétrospective : 2022 en six mots clefs
2022 s’annonçait riche de promesses : année électorale, 20ème anniversaire de la loi fondatrice du secteur… mais tout ne s’est pas vraiment passé comme prévu. Retour sur les six mots clefs qui ont fait 2022.
Transparence
Nous aurions pu choisir scandale, car c’en est bien un qui a ébranlé le secteur du grand âge en janvier.
L’enquête qu’on ne présente plus de Victor Castanet a créé une véritable onde de choc, touchant d’abord Orpea, qui peine encore aujourd’hui à s’en remettre, mais aussi l’ensemble du secteur privé commercial, voir les Ehpad français dans leur globalité.
Après une première phase de déni pour certains, de sidération pour d’autres, les établissements comme les pouvoirs publics choisissent la transparence pour redresser la barre.
Des milliers d’inspections et de contrôles annoncés, des enquêtes, des rapports… les mesures s’enchaînent au fil des semaines. L’ex ministre déléguée chargée de l'Autonomie plaide pour un véritable « choc de transparence ».
Un leitmotiv dont s’emparent aussi les opérateurs privés commerciaux, soucieux de démontrer la qualité de leur accompagnement. Journées portes ouvertes, labels, chartes, programme de transformation… tous les moyens sont bons pour essayer de redonner confiance.
Qualité
L’un des autres outils de la transparence voulue par Brigitte
Bourguignon, la publication d’indicateurs qualité, est concrétisée in
extremis en décembre.
Pour mesurer cette qualité, les établissements peuvent aussi compter sur le nouveau référentiel d’évaluation de la HAS, enfin disponible, et les outils associés.
Un référentiel fort de 157 critères d’évaluation, dont 18 «
impératifs », qui doivent être étayés par des éléments de preuve. Pour
réaliser leur évaluation, les 40 000 ESSMS de France devront faire appel à des
organismes accrédités par la Cofrac.
Un dispositif solide, mais comment en communiquer les résultats au plus grand nombre ?
Pénurie
D’autant que ce que voient surtout les personnes accompagnées et leurs familles, c’est le manque de personnel. En Ehpad, à domicile plus encore, les bras sont insuffisants pour accompagner au quotidien tous ceux qui en ont besoin.
Malgré les revalorisations salariales étendues à l'ensemble du secteur, ils sont nombreux à quitter le métier ou à envisager de le faire. Au point que des plans d’urgence doivent être mis en place, pour passer l’été, mais surtout pour recruter de façon pérenne.
A cette pénurie de personnel s’ajoutent les crises de l’énergie, de l’essence et l’inflation galopante : pour les directeurs d’établissements, des services à domicile, la catastrophe semble arriver à grand pas.
Approprié
Pour l’éviter, les professionnels, soutenus par de nombreux parlementaires, attendent une loi de pied ferme au lendemain de l’élection présidentielle. Premier raté avec la nomination de Damien Abad à l’autonomie, rattrapé par une enquête pour « tentative de viol » : pendant plusieurs semaines, le secteur se retrouve sans ministre, malgré l’urgence.
Jean-Christophe Combe sera finalement nommé ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées en juillet. Mais très vite, le couperet tombe. Pour l’ex-directeur général de la Croix-Rouge, une loi « ne (…) semble pas forcément le plus approprié pour passer à l’action ».
Le ministre mise sur une feuille de route, sur le conseil national de
la refondation, sur le PLFSS pour faire avancer les sujets.
Mais ce dernier, adopté à grands coups de 49-3, ne donne pas satisfaction aux acteurs du secteur qui le jugent « offensant ». Avec tout de même un pas en avant, une victoire arrachée par l’Insoumise Caroline Fiat qui voit son amendement sur le taux d’encadrement en Ehpad conservé dans la version définitive du texte.
L’ouverture en parallèle d’une consultation en vue d’une loi sur la fin de vie fait un peu plus grincer des dents.
Mue
En dépit de ces nombreuses difficultés, le secteur poursuit sa mue. Les Drad, dispositifs renforcés d’accompagnement à domicile, se transforment pour devenir des centres de ressource territoriaux (CRT).
Les tiers lieux fleurissent partout en France, soutenus par la CNSA, comme à Kersalic en Bretagne. Des espaces mis à l’honneur en novembre lors de la 15ème édition du colloque des approches non médicamenteuses, dont la version numérique ouvre dans les prochains jours.
Les conseils de la vie sociale (CVS) aussi évoluent, avec une nouvelle mouture entrée en vigueur le 1er janvier. Et la filière Silver économie se place en ordre de bataille pour anticiper l’arrivée de Ma Prime Adapt’, qui doit permettre d’adapter des milliers de logements à la perte d’autonomie.
Mobilisation(s)
Et ils ne sont pas les seuls à se mobiliser. A domicile, les professionnels du lien ne lâchent rien. En images, ils donnent de la voix et se constituent en collectif pour mieux faire reconnaître le caractère essentiel de leurs métiers.
L’Observatoire du grand âge, officiellement lancé au printemps, invite les professionnels, les résidents, les familles à travailler ensemble pour faire bouger le secteur.
Parce que « les vieux méritent mieux », la Fnadepa rassemble virtuellement 18 000 personnes le 4 octobre.
Une chose est sûre : malgré les écueils, malgré l’épuisement, les professionnels du grand âge font preuve d’une impressionnante vitalité. De quoi garder la foi pour 2023 !