Qualité & management
Taux d’occupation / taux d’encadrement : pas l’un sans l’autre
L'actualité du groupe Orpea met en lumière les tensions éthiques, économiques et métiers du secteur.
L'entreprise criblée de dettes vient de trouver un accord avec la Caisse des Dépôts et de nouveaux actionnaires pour se refinancer et lancer son "plan de refondation".
Un plan qui demandera des professionnels formés, compétents, en nombre suffisant et non une course effrénée au taux d'occupation, pointe Ophélie Meunier de Zone Interdite au DG du groupe.
Si la pression économique est remise principalement sur la course au taux d'occupation (TO), sans un taux d'encadrement opposable et contrôlé, les dérives vont perdurer, a rappelé Victor Castanet au ministre Jean-Christophe Combe sur France Info.
Concernant ces taux d'encadrement, je pense qu'il faut exiger le professionnalisme requis (savoir-faire, formations, techniques, compétences pour accompagner les situations complexes 24 heures sur 24, 7 jours sur 7), dans les domaines
du soin (y compris de la prévention en participant au programme Icope, en orientant vers les centres Agirc-Arrco cette semaine), dans les domaines de la vie sociale, de la restauration, de la citoyenneté, de l'éthique, de la RSE/QVT, de la qualité au sens large alignée aux défis du grand âge et des enjeux climatiques (nous vous invitons cette semaine à vous préparer à la réglementation 2025 pour la qualité de l'air intérieur).
Concernant les indicateurs qualité, je préciserai aussi les taux d'encadrement en professionnels
managés, en pluridisciplinarité, dans des lieux de vie-lieux d'envies dont la vision, le sens, sont définis, partagés, cohérents avec toutes les parties prenantes (familles, élus), positifs (non sacrificiels) au regard des besoins du territoire. Le tout dans une démarche bienveillante et financée d'amélioration continue de la qualité, où l'on voit les effets de son travail sur les sourires des personnes accompagnées, debout jusqu'au bout. Des métiers du lien où l'on se fait du bien en faisant du bien, à condition de pouvoir bien le faire.
Le tout sans soins de force et sans abandon de soins, en respectant la singularité (l'intimité, le domicile), où l'on aide à vivre, vieillir, mourir debout, dans des lieux ouverts, transparents, intégrant ou en lien avec les tiers-lieux (vous reconnaissez ici les principes de l'Humanitude et de son label qui devient une marque employeur).
Taux d'occupation / taux d'encadrement : l'un ne va pas sans l'autre, donc.
Mais les professionnels individuellement, les structures chacune sur leur territoire ne pourront seules porter les réformes nécessaires comme structurer des territoires labellisés "amis des aînés" (OMS), lancer les campagnes de recrutement d'envergure, booster l'attractivité des métiers, revoir la formation initiale, améliorer les modes de financements pour récompenser les pratiques vertueuses comme la prévention plutôt que les pénaliser avec les seuls GMP/PMP aujourd'hui…
Le secteur ne pourra avancer sans une loi Grand âge/Autonomie d'envergure s'étrangle à nouveau cette semaine Jean-Pierre Riso, le président de la Fnadepa. Une loi structurant un vrai service public territorial de l'autonomie avec des solutions aux domiciles, un parcours résidentiel, des établissements véritables centres ressources autonomie du territoire, coordonnés, labellisés, de confiance, attirants, motivants.
Or on le voit : l'Etat n'a toujours pas pris la mesure de la catastrophe sur le terrain.
A quel taux (d'occupation, d'encadrement, de plaintes, d'absentéisme, de turn over ou de défaillance d'opérateurs) réagira-t-il ?