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Qualité & management

Violences impensées qui se retournent contre nous tous

Auteur Annie De Vivie

Temps de lecture 3 min

Date de publication 24/05/2023

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La violence est un sujet qui monte dans les réflexions publiques, politiques au point de devenir insupportable, intolérable au regard de l'engagement des élus, des soignants qui peuvent y laisser la vie.

Aujourd'hui 24 mai à midi : une minute de silence sera observée dans les hôpitaux français suite au décès de l'infirmière tuée à Reims par un patient. La rédaction vous présente cette semaine les causes des violences envers les professionnels.

Il est urgent de parler de ces violences trop souvent impensées.

Je pense à la violence des situations à risque de maltraitance qui atteignent d'abord les personnes en situation de vulnérabilité, mais aussi les soignants, car "quand je te fais du bien, je me fais du bien, mais quand je te fais du mal, je me fais du mal". Voir le référentiel HAS qui se déploie dans les ESMS ou ces BD éclairantes et soutenantes pour les débats au sein des CVS (Conseils de la vie sociale), lors des commissions éthiques, de lutte contre les maltraitances (les États Généraux lancés par le gouvernement attendent vos contributions jusqu'au 1er juin). Ces supports questionnent la question du pouvoir des uns, des autres, la manière de le parler, d'en débattre, de négocier les situations de soin entre les patients/résidents/habitants/client expert de sa situation et les professionnels autour de lui, en pluridisciplinarité, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Je pense à ces situations à risque de maltraitances involontaires par défaut de temps, mais aussi de connaissances, de techniques, d'outils pour prendre soin de personnes atteintes de troubles neurocognitifs avec troubles du comportement épuisants.

Pourquoi le triangle dramatique de Karpman n'est-il pas mieux identifié pour éviter que les professionnels de santé ne soient tour à tour "sauveurs-victimes-persécuteurs" ? Pourquoi les formations initiales n'intègrent-elles toujours pas les enseignements des approches non médicamenteuses notamment ? Nous en reparlerons ces 7 et 8 novembre pour notre prochain colloque annuel. Voir aussi les évènements où nous serons aux côtés des professionnels en première ligne pour les soutenir concrètement. Voir aussi les mobilisations tous azimuts des acteurs du domicile pour valoriser ces métiers cette semaine.

Je pense aux violences des arbitrages (ou non décisions) politiques, qui imposent des réglementations, des normes, des contrôles... à un secteur notoirement sous-doté. Sans oublier la violence des modes de tarification centrés sur les besoins d'aides et de soin qui ne valorisent pas les actions de prévention, d'accompagnement, de qualité. Pourquoi ne pas intégrer des indicateurs médico-économiques positifs pour soutenir des investissements urgents et rentables au regard de la fuite des professionnels comme le suivi des accidents du travail, mais aussi les personnes aidées, reverticalisées, debout jusqu'au bout, avec moins de médicaments, d'hospitalisations, de dénutrition. Les prises de conscience et avancées législatives restent faibles comme pour l'accès aux soins : voir ce qui change avec la loi Rist cette semaine.

Je pense enfin aux violences des activités humaines sur le développement durable en santé qui se retournent contre nous tous. Le secteur de la santé aussi a des impacts deux fois supérieurs au secteur de l'aviation. Alors prenons conscience et agissons. Je suis fière de faire partie des 74 experts et citoyens qui partagent leurs constats et expériences dans un ABCdaire pratique pour se mettre en mouvement de A à Z, pour que le monde de la santé change et se fasse du bien en faisant du bien.

Pour des récits différents, motivants, inspirants.

Des récits où la violence est pensée pour la prévenir et la traiter.

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