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Les troubles du neurodéveloppement concernent une personne sur six, une prévalence en hausse, à tel point que le gouvernement a présenté l’an passé sa stratégie nationale 2023-2027 pour les troubles du neurodéveloppement. Parmi eux, le TDAH, ou trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, qui touche, selon la HAS, 3,5 % à 5,6 % des enfants, mais aussi au moins 2,8 % des adultes, y compris âgés. Quels sont les conséquences de ce trouble au grand âge ? Comment le repérer, et accompagner au mieux les personnes avec TDAH ? Réponses de Laura Camodeca, médecin adjointe de l’équipe mobile de psychiatrie de la personne âgée de la Fondation de Nant, à Vevey en Suisse.
Décrit pour la première fois à la fin du 18e siècle, le TDAH reste encore mal connu, et en proie à de nombreuses idées reçues.
D’abord, il n’a rien à voir avec l’exposition des enfants aux écrans ou un problème d’éducation, souligne l’Inserm : « le TDAH est bel et bien un trouble du neurodéveloppement, associé à des petites différences dans la structure et le fonctionnement du cerveau des personnes concernées ».
Ensuite, il ne concerne pas que les enfants, même si les médecins pensaient l’inverse jusqu’à la fin des années 1960. A l’âge adulte, il semble y avoir une persistance des symptômes, indique Laura Camodeca, mais la symptomatologie évolue.
Des symptômes qui peuvent être classés en trois grandes familles, sachant que les personnes atteintes d’un TDAH ne les présentent pas nécessairement tous.
D’abord, l’hyperactivité : la personne est agitée, « ne tient pas en place », parle beaucoup, fait des bruits, passe d’une activité à l’autre avant d’avoir terminé la première…
Ensuite, l’impulsivité : il est très difficile de patienter, les personnes concernées vont notamment couper la parole, répondre avant qu’on ait fini de leur poser la question.
Enfin, l’inattention, c’est-à-dire la difficulté à maintenir son attention dans la durée et à se concentrer sur quelque chose sans se laisser distraire par des stimuli externes.
Le trouble peut être de type hyperactif-impulsif, exclusivement centré sur l’inattention, ou mixte.
A l’âge adulte, l’hyperactivité et l’impulsivité tendent à diminuer, observe Laura Camodeca. « Peut-être que ces symptômes disparaissent, ou peut-être que les personnes acquièrent une meilleure capacité à les gérer, grâce à un traitement ou par leur expérience. »
Les symptômes du trouble peuvent en effet avoir des conséquences délétères, que ce soit sur la vie sociale, professionnelle, familiale…
Par ailleurs, les adultes TDAH présentent un risque de décès prématuré, ajoute la médecin. Près d’un quart d’entre eux présentent au moins une comorbidité, note la HAS : trouble de l’humeur (22 %), trouble anxieux (34 %), abus de substances (11 %) et trouble du comportement (15 %).
Le vieillissement en revanche n’apporte pas de changement notable : « les symptômes restent plutôt stables avec l’âge et sont les mêmes à 40, 50,60 ans… », précise Laura Camodeca.
« Mais on ne connaît pas l’impact des troubles neurocognitifs sur le TDAH, d’autant que les symptômes se recoupent au début ».
« En France le trouble est très largement sous-diagnostiqué chez l’adulte », pointe la HAS. Faut-il pour autant chercher un diagnostic chez l’adulte si l’on repère des signes possibles de TDAH ?
Oui et non, répond Laura Camodeca.
Les traitements, qui existent pour les enfants, ne sont pas indiqués chez les adultes, à moins qu’ils n’aient été diagnostiqués durant l’enfance et dans le cadre d’une prise en charge globale.
Mais poser un diagnostic peut tout de même s’avérer bénéfique. Si le trouble est avéré, il va donner un nouvel éclairage à leur histoire de vie, expliquer par exemple des difficultés professionnelles, des divorces… et redonner un peu d’estime de soi.
Pour les professionnels, savoir qu’une personne âgée est atteinte d’un TDAH permet d’ajuster l’accompagnement. « C’est important de connaître le profil de la personne, comprendre pourquoi elle coupe la parole, a du mal à patienter ou se montre intrusive dans les activités de groupe », souligne Laura Camodeca.
Face à une personne avec TDAH, les professionnels pourront par exemple privilégier les phrases courtes, fragmenter les activités, donner une consigne après l’autre…
Par ailleurs, le diagnostic alerte sur les risques de comorbidité, dépression et anxiété en particulier. Mais aussi d’isolement : en raison de l’impact négatif du trouble sur la vie sociale, ces personnes ont souvent un entourage plus restreint.
Si le diagnostic n’est pas possible, ou pas souhaité par la personne, interroger l’entourage peut être fructueux, dans la mesure où le trouble a une grande part génétique.
Laura Camodeca encourage les professionnels à se renseigner sur le TDAH, à consulter la liste des symptômes.
Pour l’instant, il existe cependant très peu de ressources en France. La HAS a prévu de publier des recommandations et des outils portant sur le TDAH chez l’adulte, mais à une date indéterminée.
Quelques articles consacrés au trouble chez l’adulte âgé sont disponibles, dont Que deviennent nos vieux hyperactifs ? Le trouble déficit de l’attention/hyperactivité chez la personne âgée, signé par Laura Camodeca en 2015. Les autres ont été publiés en langue anglaise :
Enfin, l’association HyperSupers-TDAH France a pour vocation de soutenir, informer et former les personnes concernées, via son site, de la documentation, des rencontres, des webconférences et sa chaîne Youtube.
Bonjour, selon la docteure Camodeca, la prescription à l'âge adulte n'est en effet pas indiqué à moins qu’ils n’aient été diagnostiqués durant l’enfance et dans le cadre d’une prise en charge globale. Voir aussi l'avis de la HAS sur le sujet qui confirme ses propos :
https://www.has-sante.fr/jcms/p_3305318/fr/ritaline-lp-methylphenidate-tdah
Selon votre article il n'est pas necessaire de prescrire les medicaments comme la ritaline ou Concerta chez les personnes adultes souffrant de TDHA?!